Le jour de l'an
Encore une tradition qui n'est pas ancrée dans ma famille, qui finalement doit être totalement hors norme mais c'est pas grave, on le vit bien, celle des retrouvailles de l'an neuf. Pas de déjeuner ou de dîner, rien de tout ça. Pourtant, cette année, il y eut des retrouvailles. Sur le seuil de l'aéroport de Bruxelles-National, ma soeur ayant eu l'immense bonjeur d'emmener toute sa petite famille en vacances. Nous étions donc là, tous deux, mon papou adoré et moi le teint blafard pour accueillir cinq frimousses halées par le soleil égyptien.
C'est donc sur cette bande de presqu'autoroute qu'est la zone de chargement de passagers en arrivée de Zaventem que nous avons fêté cette nouvelle année. Larges embrassades sincères et preuves d'amours filiales on ne peut plus marquées. Mes nièces sont décidément des filles capables d'une tendresse inouïe. Elles se jettent volontiers dans vos bras et vous câlinent avec un enthousiasme spontané qui n'a d'autre effet que de vous faire craquer. Ainsi, je me retrouvai à porter tout au long du parcours la cadette, 3 ans, pendant que j'avais à bout de mains ma filleule, l'aînée, 10 ans, rieuse bien qu'un peu jalouse de ne pas être à la place de sa soeur. Nous sommes restés là près d'une heure à discuter, à rire, etc... Un bon moment.
Puis, il fallut se séparer, chacun regagnant sa voiture pour rejoindre son chez soi douillet. Seul piéton de la bande, je grimpai dans l'auto de mon père (au grand dam de ma filleule qui ne comprenait pas pourquoi je n'empruntai pas leur voiture bondée de bagages) qui me ramena à bon port. J'ai déjà décrit de nombreuses fois l'attachement profond qui me lie à mon doux papa ici. Cependant, pour la première fois, j'ai senti que mon père avait besoin de s'exprimer, de parler de choses qui lui sont chères. Mon papa devait vider son sac de ses inquiétudes passées, de ses doutes. J'ai ainsi su que la crainte qui l'a tiraillé durant des années était que l'un de ses enfants ait honte de lui, n'ose pas le présenter à ses amis, etc... Je suis resté stupéfait, surpris et coi par cette annonce. Jamais je n'ai eu honte de mon père, de sa condition modeste. Je ne l'ai jamais pris pour un idiot, un imbécile, que du contraire. Cet homme, issu d'une famille ouvrière, a connu, enfant, tous les affres de la pauvreté et de l'indigence. Il rêvait de grandes études, de belle carrière. Par la force des choses, il dut interrompre ses études bien avant le lycée et prendre un boulot. A force de courage et de persévérance, il a pu monter tout doucement dans la hiérarchie de la société qui l'emploie depuis plus de trente ans maintenant. Oui, papa, ces gens qui t'entourent en réunions, ces cadres dirigeants, ces juristes, ces ingénieurs, tous ces universitaires bardés de diplômes redondants, manient la langue plus aisément que toi, oui ils englobent leur analyse d'un vocabulaire plus précis, plus pointu. Mais vont-ils à l'essentiel? Visent-ils l'efficacité dans leurs démarches? Ou sont-ce là que des effets de style? A quoi bon te mettre d'emblée en infériorité? S'ils t'ont invité à les rejoindre dans leur club fermé, c'est qu'eux aussi croient en tes capacités. Oui, mon père, tu es malin, ça je le sais depuis longtemps.
Et je garde en mémoire cette phrase que tu m'as dite un jour lorsque j'étais à l'aube de l'adolescence et qui disait "N'oublie jamais d'où tu viens et ne sous-estime jamais ta valeur profonde. Ce n'est pas l'origine sociale qui donne de la valeur aux gens!"
C'est donc sur cette bande de presqu'autoroute qu'est la zone de chargement de passagers en arrivée de Zaventem que nous avons fêté cette nouvelle année. Larges embrassades sincères et preuves d'amours filiales on ne peut plus marquées. Mes nièces sont décidément des filles capables d'une tendresse inouïe. Elles se jettent volontiers dans vos bras et vous câlinent avec un enthousiasme spontané qui n'a d'autre effet que de vous faire craquer. Ainsi, je me retrouvai à porter tout au long du parcours la cadette, 3 ans, pendant que j'avais à bout de mains ma filleule, l'aînée, 10 ans, rieuse bien qu'un peu jalouse de ne pas être à la place de sa soeur. Nous sommes restés là près d'une heure à discuter, à rire, etc... Un bon moment.
Puis, il fallut se séparer, chacun regagnant sa voiture pour rejoindre son chez soi douillet. Seul piéton de la bande, je grimpai dans l'auto de mon père (au grand dam de ma filleule qui ne comprenait pas pourquoi je n'empruntai pas leur voiture bondée de bagages) qui me ramena à bon port. J'ai déjà décrit de nombreuses fois l'attachement profond qui me lie à mon doux papa ici. Cependant, pour la première fois, j'ai senti que mon père avait besoin de s'exprimer, de parler de choses qui lui sont chères. Mon papa devait vider son sac de ses inquiétudes passées, de ses doutes. J'ai ainsi su que la crainte qui l'a tiraillé durant des années était que l'un de ses enfants ait honte de lui, n'ose pas le présenter à ses amis, etc... Je suis resté stupéfait, surpris et coi par cette annonce. Jamais je n'ai eu honte de mon père, de sa condition modeste. Je ne l'ai jamais pris pour un idiot, un imbécile, que du contraire. Cet homme, issu d'une famille ouvrière, a connu, enfant, tous les affres de la pauvreté et de l'indigence. Il rêvait de grandes études, de belle carrière. Par la force des choses, il dut interrompre ses études bien avant le lycée et prendre un boulot. A force de courage et de persévérance, il a pu monter tout doucement dans la hiérarchie de la société qui l'emploie depuis plus de trente ans maintenant. Oui, papa, ces gens qui t'entourent en réunions, ces cadres dirigeants, ces juristes, ces ingénieurs, tous ces universitaires bardés de diplômes redondants, manient la langue plus aisément que toi, oui ils englobent leur analyse d'un vocabulaire plus précis, plus pointu. Mais vont-ils à l'essentiel? Visent-ils l'efficacité dans leurs démarches? Ou sont-ce là que des effets de style? A quoi bon te mettre d'emblée en infériorité? S'ils t'ont invité à les rejoindre dans leur club fermé, c'est qu'eux aussi croient en tes capacités. Oui, mon père, tu es malin, ça je le sais depuis longtemps.
Et je garde en mémoire cette phrase que tu m'as dite un jour lorsque j'étais à l'aube de l'adolescence et qui disait "N'oublie jamais d'où tu viens et ne sous-estime jamais ta valeur profonde. Ce n'est pas l'origine sociale qui donne de la valeur aux gens!"
5 Partage(s):
C'est vraiment très touchant...
Je ne connais pas le papa de Khoyot ; je commence à découvrir peu à peu le Khoyot lui-même à travers ce blogue ; mais si j'étais le papa de Khoyot, je serais fier de cet hommage rendu par le fils, et je me dirais que j'ai dû faire quelque chose de bien pour élever un fils tel que lui, qui sache où sont les vraies valeurs.
Comme le dit Vilain (Rafaele ?), ce texte est touchant, comme le sont souvent les rapports père-fils quand ils sont vrais et affectueux, même pudiques... Dans la voiture, le papa se confiait à son fils attentif ; ici, le fils se révèle à ses amis-lecteurs, ce qui est un autre défi à la pudeur...
Quelle meilleure preuve qu'exprimer toute la fierté que j'éprouve pour lui que de l'afficher publiquement? Nulle impudeur cependant, pas à mon sens du moins, juste une affirmation cent fois répétée de l'intensité de mon amour filial.
PS Rafaele n'est pas Vilain (il est même plutôt joli garçon d'ailleurs)... Il s'agit là de deux personnes très différentes l'une de l'autre, tu peux me croire :o)
Je sais bien que Rafaele n'est pas vilain du tout : j'ai vu des images qui prouveraient le contraire... Mais il m'a semblé reconnaître chez Rafaele un côté espiègle qui l'inciterait à se faire « anonyme » à l'occasion...
partageons...