19.1.06

Vous vendez encore des montres ?

Je n'ai pas le génie d'Alexandre, pas l'ombre de son talent; je n'ai pas la culture cinématographique d'E., mais je voudrais quand même parler ici du film que je suis allé voir ce soir.
"La Saveur de la Pastèque"
Une comédie musicale juteuse et fruitée de Tsai Ming-liang

La sècheresse est telle à Taiwan que la population est invitée à remplacer l'eau par le jus de pastèque. Elle, c'est en volant l'eau des toilettes publiques qu'elle subsiste. Lui, c'est en se baignant dans les citernes d'eau de plui qu'il tente de se rafraîchir.
Solitaires, assoiffés, épuisés par la chaleur et le désir, ils se retrouvent pour mieux se perdre dans l'excitation torride et la saveur de la pastèque...
Ca, c'est ce qu'ils en disent ! Les Inrockuptibles ont eu beau titrer "Le film le plus délirant de l'année", ce film est d'un ennui mortel ! Pourtant, il y aurait pu y avoir de l'idée. On aurait pu se dire qu'un film distribué par cinéart en Belgique et par Mk2 en France, à première vue la mayonnaise aurait dû prendre. Hé bien, non ! Pas du tout même. 1h35 dure-t-il selon les horloges, si jen crois l'état de mes fesses et de mes jambes après la séance, six heures auraient pu s'écouler.

Petit tableau rapide : prenez un élève de Jacques Demy, oh prenez le cancre il fera l'affaire, faites-lui connaître l'univers de Catherine Breillat et de Virgine Despentes, que vous ne manquerez pas de brîmer de morale à l'américaine car, il faut pas rêver, ce film reste soft, très soft même, moins soft que le blog de Garfield, d'accord, mais très soft néanmoins. A tout cela, vous ajoutez une légère pointe de Priscilla, Reine du Désert et... tadam... voilà ce que ça donne !


Comédie musicale annonçait-on ? Quatre chansons parsèment le film. Mais quelles chansons ! Là, c'est sûr rien à redire. Kitschissimes au possible. On commence par une guimauve du héros, traveloté et maquillé comme un camion volé, d'une mièvrerie à faire passer la série Harlequin pour du Frédéric Dard. Les trois autres chansons sont du même registre, tirées des Parapluies de Cherbourg et des Demoiselles de Rochefort à la sauce aigre-douce. Jolis tableaux néanmoins et délires pas toujours inintéressants.


Le reste du film se déroule sans musique, presque sans dialogue (certainement le dialoguiste le mieux payé de l'histoire du cinéma parlant). Caméra en plan fixe. Plus qu'un film, c'est un diaporama où toutes les images ne sont même pas jolies. Le directeur photo devait être heureux après montage.

Quant à l'histoire,... ben... euh...
Alors soit, il me manque bon nombre de références, ce que je n'exclus nullement, soit il y a de l'onirisme pur dans ce film, mais en tout état de cause, je ne l'ai pas compris, pas vu, pas entendu. Tout m'a échappé. Si Tsai Ming-liang a voulu créer un monde, un univers, je n'ai jamais pu y entrer. Nous étions près d'une dizaine ce soir, l'un a dormi, deux ont soupiré, l'un regardait sa montre toutes les deux minutes, certains ont gémi, d'autres ont ri d'incrédulité; bref, nous étions tous dans le même état, ébahis, hallucinés et, à jamais, dégoûtés de la pastèque.

2 Partage(s):

E. a dit...

la bande annonce m'avait amusée et interpelé, mais comme tant d'autres ces derniers temps, je ne suis pas allé voir ce film.... les références à Demy (mon nantais célèbre préféré) relancent cette envie (un peu freinée par les allusion à Breillat et Despentes)

khoyot a dit...

Continue de la freiner cette envie, Manu ! Je parle du plus mauvais élève de Demy. La bande annonce interpelle effectivement, les extraits que j'en avais vu pouvaient laisser croire que le film pouvait être agréable, voire drôle. Tout y est pesant, sans grande intelligence sincère. Les silences n'ont aucune valeur narrative réelle. C'est lourd, indigeste, on n'y entre guère. Finalement, je me demande si le seul intérêt du film ne résidait pas dans la vision des fesses du héros mais là encore, à trop les voir, on se lasse.

Ce que j'ai dit est que peut-être m'a-t-il manqué bon nombre de référents, j'ose l'espérer pour le film, mais parmi les gens qui m'accompagnaient, certains étaient de vrais cinéphiles et pour eux non plus la sauce n'a pas pris. Enfin, loue-le en DVD plutôt et dis-moi ce que tu en as pensé...