César de Paepe
Je me sens vaseux aujourd'hui, pas bien. Les tambours du Bronx ont élu domicile en mon crâne malgré une soirée sans alcool. J'ai rêvé cette nuit, un mauvais rêve. Je ne sais mais je crois rêver rarement, enfin je me souviens rarement de mes rêves, a fortiori de mes cauchemars. Mais ici, tout me semblait crédible, réaliste. Je me rappelle chaque détail, chaque bibelot posé sur les étagères des pièces que je visitais. Ce cauchemar n'a pas de sens, vraiment pas de sens mais je me sens perturbé par la violence du réveil qu'il entraîna.
Suivre une des personnes que l'on chérit le plus, l'accompagner jusqu'au bout, jusqu'à sa propre perte, endosser pour elle toutes les responsabilités du monde, assumer les conséquences de ses actes jusqu'à en périr et se voir juger par l'absente de mon enfance et de ma vie d'adulte.
Je me suis réveillé en colère.
Pas tant à cause des actes posés, ce n'était qu'un rêve, je sais que jamais je ne ferai ce que j'y ai fait. Mais à cause d'elle ! Pourquoi donc ai-je rêvé d'elle ? Pourquoi y ai-je pensé ? Je n'ai pas l'impression de souffrir d'un quelconque sentiment de manque par rapport à elle, j'ai même plutôt l'idée de m'en être déjà fait un deuil. Aussi triste cela puisse paraître, elle m'est aujourd'hui totalement étrangère. Voilà plus de trente mois qu'on ne s'est vus ou entendus. Elle ne sait même pas que je porte la barbe. Je ne suis même pas certain de la reconnaître si je venais à la croiser en rue. Elle a toujours brillé par son absence à laquelle, depuis longtemps, j'ai répondu par une certaine indifférence. Que venait-elle donc faire dans ce cauchemar, elle qui, a priori, n'avait rien à y faire ? Pourquoi donc suis-je allé me réfugier en cette maison lorsque le danger approchait, lorsque le piège se refermait ? Certes, c'est la maison de mon enfance; certes, c'est là où demeurent mes souvenirs. Mais, elle, elle n'aurait jamais permis qu'on me sauvât. Courir vers elle signifiait, je le savais, me jeter dans la gueule du loup.
Je me suis réveillé en colère.
Répondrai-je si elle m'appelle ?
Suivre une des personnes que l'on chérit le plus, l'accompagner jusqu'au bout, jusqu'à sa propre perte, endosser pour elle toutes les responsabilités du monde, assumer les conséquences de ses actes jusqu'à en périr et se voir juger par l'absente de mon enfance et de ma vie d'adulte.
Je me suis réveillé en colère.
Pas tant à cause des actes posés, ce n'était qu'un rêve, je sais que jamais je ne ferai ce que j'y ai fait. Mais à cause d'elle ! Pourquoi donc ai-je rêvé d'elle ? Pourquoi y ai-je pensé ? Je n'ai pas l'impression de souffrir d'un quelconque sentiment de manque par rapport à elle, j'ai même plutôt l'idée de m'en être déjà fait un deuil. Aussi triste cela puisse paraître, elle m'est aujourd'hui totalement étrangère. Voilà plus de trente mois qu'on ne s'est vus ou entendus. Elle ne sait même pas que je porte la barbe. Je ne suis même pas certain de la reconnaître si je venais à la croiser en rue. Elle a toujours brillé par son absence à laquelle, depuis longtemps, j'ai répondu par une certaine indifférence. Que venait-elle donc faire dans ce cauchemar, elle qui, a priori, n'avait rien à y faire ? Pourquoi donc suis-je allé me réfugier en cette maison lorsque le danger approchait, lorsque le piège se refermait ? Certes, c'est la maison de mon enfance; certes, c'est là où demeurent mes souvenirs. Mais, elle, elle n'aurait jamais permis qu'on me sauvât. Courir vers elle signifiait, je le savais, me jeter dans la gueule du loup.
Je me suis réveillé en colère.
Répondrai-je si elle m'appelle ?
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