Une Soirée Lilloise
Quelle idée, vraiment quelle idée ! Je suis monté dans ma voiture, le plein fait et me suis lancé sur l’autoroute.
20h04. Je me gare. Lille, capitale des Flandres, carrefour européen. Découverte.
Ce n’est pas la première fois que je me rends dans cette ville, à chaque fois pour y rencontrer un ami ou une connaissance. Ici, je suis seul et resterai seul dans l’unique but de découvrir cette ville que je ne connais pas. Je coupe le contact, sors de ma voiture. Je vois les vitres froides d’Euralille et commence ma ballade par là. J’ai entendu tellement de bien de cette nouvelle construction. Je l’observe. Bof ! L’architecture a le seul mérite de marquer une époque, je n’adhère pas mais je n’y connais rien. Le bâtiment de vitres reste terne malgré le soleil estival et tout à son pied semble triste malgré l’effervescence d’un vendredi soir.
Je continue, je traverse direction la gare de Lille Flandres. Trois combis de CRS veillent au grain, des véhicules de police, des policiers à pied, la ville semble assiégée, certainement l’effet Sarkozy. Ca y est, je suis du coup victime du sentiment d’insécurité. Comme quoi, la présence policière n’est pas faite uniquement pour rassurer la population. Un besoin à assouvir, je descends aux toilettes de la gare. Un papier nous indique les horaires d’ouverture, les toilettes ferment à 20h30, il est 20h23 la préposée est partie en week-end. J’avais oublié que la fonction publique française avait ce sens de la ponctualité que seules l’administration et la bureaucratie peuvent nous inculquer. Tant pis ! Avançons. C’est apparemment l’heure de pointe, les gens se pressent en rue, les joues rougies par l’effort de marche consenti sous la chaleur. Je croise des effluves mélangées, peu agréables à mon nez pourtant pas si délicat.
Les gens semblent porter toute la misère du monde. Il y en a de toute sorte ; des grands, des petits, des maigres, des gros, des "fashionistas", j’aperçois beaucoup trop de Britney Spears ; trop de couleurs, trop de lignes, pas assez de goût. Tous suivent leur route, tête baissée. Certains se parlent, aucun ne sourit. Quel drame y a-t-il dans le Nord ? Quel malheur abattu ? La pauvreté est tangible, dicible, évidente.
Parvis Saint-Maurice. Une façade d’église rénovée ou presque. Des gens du voyage se parlent appuyés sur la portière de leurs camionnettes. Un éclat de rire. Enfin ! Un clochard assis sur le seuil d’une porte, un voisin qui sort :
- Y a du poulet ! Entrez !
- Non
- Allez, venez !
Lille la Généreuse. Lille la Sociale. Nous sommes dans le Nord, le bastion est de gauche. Je m’émeus. Je me surprends à commencer à aimer la ville.
Mes pas me portent dans les méandres des rues commerçantes encore peuplées de ce que je crois être le Nouveau Lille. Des restaurants épars commencent à se remplir et les gens déambulent sans vergogne dans leur cité. Premier regard croisé, soutenu, première flatterie et seul sourire obtenu et lancé. Décidément, cette ville est surprenante. Il fait bon à Lille en ce vendredi soir, les pantalons et les jupes sont courts, parfois trop. L’air est présent, on est loin de l’étouffement de chaleur tel qu’on le connaît à Bruxelles. A croire que Lille est un port. Je continue d’errer, lentement. La terrasse d’un resto italien semble m’ouvrir les bras. "Pourquoi pas ?", me dis-je. Je me ravise en observant la taille et la chevelure trop blonde du personnel de l’établissement. Simple réflexe.
Je continue et atteinds une place où est installé un podium RTL. Le podium est vide, pas la place. Personne ne s’inquiète de cette fontaine qui ne coule plus que pour les oiseaux. Je traverse. Place du théâtre. Des restos bondés et un brouhaha terrible. Lille la Vieille. Enfin. Les rues sont un dédale pour moi. Je ne reconnais rien. Je n’ai pas de plan. Les passants se parlent dans un français que je ne maîtrise pas et j'ai pour seul repère l’endroit où j’ai abandonné ma voiture. La retrouverais-je ? Je n’en suis pas certain.
J’observe les maisons du Vieux Lille et remarque le contraste flagrant entre les deux "villes". Lille ici est flamande, trop flamande. Les briques rouges des façades me rappellent celles utilisées dans nos régions. Lille était française il y a deux minutes à peine. Partout, je regarde et m’interroge. Lille se chercherait-elle ? Je ne ressens pas d’âme de la ville. Française ? Flamande ? Riche ? Pauvre ? J’ai le même sentiment ici que dans les villes hennuyères et celles du bassin mosan. L’arrogance de la richesse minière perdue et l’étalage des doutes sur son avenir. J’étouffe ! Je ne suis pas chez moi ici. Je suis étranger à ces gens à ce monde à cette ville. Nous ne nous apprivoiserons pas, du moins pas ce soir.
Je refais le trajet en sens inverse, ma marche est plus soutenue. Il faut que je parte. Il est 21h17, je ferme la portière de ma voiture, je souffle. Je reprends l’autoroute en direction de Bruxelles, prends mon téléphone. Appeler Michele, j’ai besoin de rire. Une soirée, 224 kilomètres aller-retour. Je suis chez moi, soulagé !
20h04. Je me gare. Lille, capitale des Flandres, carrefour européen. Découverte.
Ce n’est pas la première fois que je me rends dans cette ville, à chaque fois pour y rencontrer un ami ou une connaissance. Ici, je suis seul et resterai seul dans l’unique but de découvrir cette ville que je ne connais pas. Je coupe le contact, sors de ma voiture. Je vois les vitres froides d’Euralille et commence ma ballade par là. J’ai entendu tellement de bien de cette nouvelle construction. Je l’observe. Bof ! L’architecture a le seul mérite de marquer une époque, je n’adhère pas mais je n’y connais rien. Le bâtiment de vitres reste terne malgré le soleil estival et tout à son pied semble triste malgré l’effervescence d’un vendredi soir.
Je continue, je traverse direction la gare de Lille Flandres. Trois combis de CRS veillent au grain, des véhicules de police, des policiers à pied, la ville semble assiégée, certainement l’effet Sarkozy. Ca y est, je suis du coup victime du sentiment d’insécurité. Comme quoi, la présence policière n’est pas faite uniquement pour rassurer la population. Un besoin à assouvir, je descends aux toilettes de la gare. Un papier nous indique les horaires d’ouverture, les toilettes ferment à 20h30, il est 20h23 la préposée est partie en week-end. J’avais oublié que la fonction publique française avait ce sens de la ponctualité que seules l’administration et la bureaucratie peuvent nous inculquer. Tant pis ! Avançons. C’est apparemment l’heure de pointe, les gens se pressent en rue, les joues rougies par l’effort de marche consenti sous la chaleur. Je croise des effluves mélangées, peu agréables à mon nez pourtant pas si délicat.
Les gens semblent porter toute la misère du monde. Il y en a de toute sorte ; des grands, des petits, des maigres, des gros, des "fashionistas", j’aperçois beaucoup trop de Britney Spears ; trop de couleurs, trop de lignes, pas assez de goût. Tous suivent leur route, tête baissée. Certains se parlent, aucun ne sourit. Quel drame y a-t-il dans le Nord ? Quel malheur abattu ? La pauvreté est tangible, dicible, évidente.
Parvis Saint-Maurice. Une façade d’église rénovée ou presque. Des gens du voyage se parlent appuyés sur la portière de leurs camionnettes. Un éclat de rire. Enfin ! Un clochard assis sur le seuil d’une porte, un voisin qui sort :
- Y a du poulet ! Entrez !
- Non
- Allez, venez !
Lille la Généreuse. Lille la Sociale. Nous sommes dans le Nord, le bastion est de gauche. Je m’émeus. Je me surprends à commencer à aimer la ville.
Mes pas me portent dans les méandres des rues commerçantes encore peuplées de ce que je crois être le Nouveau Lille. Des restaurants épars commencent à se remplir et les gens déambulent sans vergogne dans leur cité. Premier regard croisé, soutenu, première flatterie et seul sourire obtenu et lancé. Décidément, cette ville est surprenante. Il fait bon à Lille en ce vendredi soir, les pantalons et les jupes sont courts, parfois trop. L’air est présent, on est loin de l’étouffement de chaleur tel qu’on le connaît à Bruxelles. A croire que Lille est un port. Je continue d’errer, lentement. La terrasse d’un resto italien semble m’ouvrir les bras. "Pourquoi pas ?", me dis-je. Je me ravise en observant la taille et la chevelure trop blonde du personnel de l’établissement. Simple réflexe.
Je continue et atteinds une place où est installé un podium RTL. Le podium est vide, pas la place. Personne ne s’inquiète de cette fontaine qui ne coule plus que pour les oiseaux. Je traverse. Place du théâtre. Des restos bondés et un brouhaha terrible. Lille la Vieille. Enfin. Les rues sont un dédale pour moi. Je ne reconnais rien. Je n’ai pas de plan. Les passants se parlent dans un français que je ne maîtrise pas et j'ai pour seul repère l’endroit où j’ai abandonné ma voiture. La retrouverais-je ? Je n’en suis pas certain.
J’observe les maisons du Vieux Lille et remarque le contraste flagrant entre les deux "villes". Lille ici est flamande, trop flamande. Les briques rouges des façades me rappellent celles utilisées dans nos régions. Lille était française il y a deux minutes à peine. Partout, je regarde et m’interroge. Lille se chercherait-elle ? Je ne ressens pas d’âme de la ville. Française ? Flamande ? Riche ? Pauvre ? J’ai le même sentiment ici que dans les villes hennuyères et celles du bassin mosan. L’arrogance de la richesse minière perdue et l’étalage des doutes sur son avenir. J’étouffe ! Je ne suis pas chez moi ici. Je suis étranger à ces gens à ce monde à cette ville. Nous ne nous apprivoiserons pas, du moins pas ce soir.
Je refais le trajet en sens inverse, ma marche est plus soutenue. Il faut que je parte. Il est 21h17, je ferme la portière de ma voiture, je souffle. Je reprends l’autoroute en direction de Bruxelles, prends mon téléphone. Appeler Michele, j’ai besoin de rire. Une soirée, 224 kilomètres aller-retour. Je suis chez moi, soulagé !
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