Fragile Jeunesse
Il fut un temps de ma jeunesse, aujourd'hui disparue, où nous nous adonnions, des soirs durant, à la lecture et à la déclamation de textes et de poèmes. Nous tentions de les vivre, nous les appropriions sans cesse. Nous savourions, à la lueur d'une bougie et d'une lampe de chevet, ces poètes maudits qui, pour nous, devenaient sacrés. Ah ! Que n'avons-nous ressassé sans cesse Les Fleurs du Mal! Que n'ai-je laissé aller mes émois sur "le Poison"...
"Tout cela ne vaut pas le poison qui découle
De tes yeux, de tes yeux verts,
Lacs où mon âme tremble et se voit à l'envers...
Mes songes viennent en foule
Pour se désaltérer à ces goufres amers."
Nous récitions Baudelaire, Rimbaud, Verlaine. Nous terminions souvent par les romantiques. On y croyait, dur comme fer en doux rêveurs que nous étions. Lamartine gardait une place à part, nous faisant promettre d'être à jamais soudés
"Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières?
Vains objets dont pour moi le charme est envolé;
Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères,
Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé."
J'avais 15 ans en ce temps-là et toute la vie s'offrait à moi. J'avais 15 ans et tous mes rêves qui, j'en étais sûr, jamais ne me quitteraient. Je me voyais homme politique, intègre; je me voyais sauvant le monde , rien qu'en posant des actes justes. Je me voyais acteur de tout ce qui m'entourait et ma motivation, eo tempore, n'avait aucune limite. J'avais 15 ans et l'énergie de l'espoir. J'en ai plus du double à présent pour quel bilan? Ai-je abandonné mes rêves pour les besoins du ventre? Ai-je failli à moi-même? Parfois, je m'interroge. I can't help but wonder... Me suis-je perdu en trop de contraintes, en trop d'échecs, en trop de peurs? Ou, simplement, ai-je fait jaillir de moi une autre chose que je n'attendais pas?
2 Partage(s):
J'adore vieillir. Pour rien au monde, je ne voudrais revenir en arrière. C'est tellement mieux, on est moins con..
(C'est bien chiant cette "vérification des mots" !!
L'adolescence ne laisse un bon souvenir qu'aux adultes ayant mauvaise mémoire.
Ne m'y ferai jamais)
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