Te voet nu jongen!

J'avais oublié tout ça, tout ce que ça représentait. Je suis piéton à présent. Piéton à 100%! Je n'alimenterai plus l'effet de serre avec les gaz d'échappement de ma voiture, ne pourrai plus aller où bon me semble sans m'inquiéter des horaires des transports en commun. Fini ce temps-là. Je ne perdrai plus une heure de mon temps à trouver une place en bas de chez moi ou aux pieds des immeubles des autres, un temps de trajet sera désormais un temps de trajet simple... Mais il va me falloir réapprendre à affronter tout ça. Plonger en apnée dans le métro bruxellois ou supporter le mélange d'odeurs. Car c'est ça qui me gêne le plus. Voir les gens, le regard vide et triste, sentir leurs parfums mêlés aux odeurs de sueur, aux embruns de vanille saupoudrée sur les gaufriers, m'étonner de la présence d'un vendeur d'encens qui fait brûler ses bâtonnets pour attirer le chaland. J'ai commencé hier, j'en ai eu la nausée. Je marcherai davantage donc, comme auparavant. C'est bon pour mes grosses jambes. Mais, finalement, être piéton, c'est revoir la ville, me la réapproprier, la regarder à nouveau, c'est croiser les gens, le monde, la foule, c'est me resociabiliser. Etre piéton a du bon, beaucoup de bon même. C'est revivre des scènes que j'avais oublié, c'est sourire à l'enfant qui vous sourira, c'est rêver en silence, c'est entendre des perles qu'on n'entendra jamais ailleurs. Et puis, ce retour à la vie piétonne marque surtout une chose, c'est l'affranchissement total et entier par rapport à mon ancien employeur. Me voici libre à nouveau! Je souris ému et content, anxieux mais content...