12.3.07

Marthe

J'aurais voulu que tu la rencontres et que tu ne la voies pas comme une vieille dame. Elle n'a pour moi jamais été cette vieille femme, ou l'a toujours été, elle n'a jamais vieilli, en somme, depuis ma naissance. J'aurais aimé que tu la voies, la connaisses comme moi, qu'elle sache qui tu es, et que vous vous appréciez pour ce que vous êtes. Elle avait tout vu; tout connu, à 96 ans, tu penses ! Elle avait parcouru le monde, approché les grands, connu la misère et le luxe, les affres de deux guerres. Elle poursuivait ses rêves, tombait, se relevait. Elle était forte et fragile, adorable autant qu'haïssable.

Tu ne la connaîtras qu'au travers de mes dires, mes histoires, c'est cela qui est dommage. Je ne veux pas que votre première rencontre se fasse là, elle allongée sur ce lit, minuscule, enlaidie, déjà gonflée. C'est dommage mais le temps a fait son oeuvre, elle n'était pas, comme je le croyais, immortelle. Elle était ma grand-tante, la vraie mémoire de la famille, elle était plein de choses, un modèle d'humanisme et d'acceptation. Ancrée dans son époque, elle voulait accompagner celle qui bougeait trop vite mais qui lui facilitait la vie. Jamais passéiste, au fond, elle était une vraie femme !

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Anonyme a dit...

éloge oh combien sensible, et à te lire, je crois que de son vivant , tu lui as bien montré combien elle était grande à tes yeux!