6.5.06

En train de lire (ma table de chevet) # 10

Philippe Besson, l'Enfant d'Octobre, Grasset, Paris, 2006

Mon (humble) avis :

On change de registre cette fois-ci, avec Besson, et pourtant, on le retrouve tellement. Tout est récurrent chez lui, sans pour autant lasser. Encore une fois, il est question de la perte de quelqu'un, encore une fois, il est question d'amour, encore une fois, le roman est construit sur une base duale; d'un côté le narrateur, parlant à la troisième personne, semblant donner du recul à l'histoire, bien qu'impliqué, bien que convaincu, bien que militant; d'un autre, l'héroïne bien malgré elle de ce fait divers tragique. Basé sur un fait réel qui a secoué la France il y a un peu plus de vingt ans, le roman, car il s'agit avant tout d'un roman, retrace l'histoire du petit Grégory telle qu'elle aurait pu être vécue par les yeux de Christine Villemin. Véritable plaidoyer en faveur de la mère de l'enfant, Besson a imaginé ce qu'auraient pu être les sentiment, les paroles, les pensées de cette femme face à l'assassinat de son fils, face à l'enquête qui mena à son inculpation puis à la reconnaissance de son innocence par la justice. Documenté, il retrace les atermoiements du, ou plutôt des juges d'instructions successifs; il évoque la pression médiatique influant les direction d'une enquête, aujourd'hui classée et pourtant inaboutie, inachevée. Je ne rentrerai pas dans la polémique qui a déjà fait rage, sur les menaces de procès émanant de Christine Villemin à l'encontre de l'auteur; même s'il peut sembler étonnant de se constituer partie civile contre quelqu'un qui vous défend bec et ongle, qui tente à ce point de vous réhabiliter. Au niveau formel, on retrouvera ici tout ce qu'on aime, ou pas, chez Philippe Besson, son trait propre, son indéfectible besoin d'être simplement humain. Le thème même du récit est ce qu'il affectionne le plus. Survivre à la perte d'un être cher grâce à l'amour, tout simplement, comme dans Un Instant d'abandon, l'héroïne ici devra faire face à l'opprobre publique; comme dans Les Jours fragiles, le narrateur se met à la place de la femme, comme dans Un garçon d'Italie, comme dans En l'Absence des Hommes, le récit est construit de façon alternée, changeant de narrateur, presque de point de vue, à chaque chapître. Certainement aussi émouvant que son premier roman, moins puissant sans doute, cette oeuvre m'a malgré tout séduit, ému même si, au sortir de la lecture, je n'ai pas ressenti ce sentiment de douceur et de tendresse qu'il avait pu me procurer dans En l'Absence des Hommes et, surtout, dans l'Arrière Saison.

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Alcib a dit...

Ah, me voilà donc en retard de deux romans de Philippe Besson !!! Il serait temps que je me remette à la lecture, moi, avant de ne plus savoir lire !
Merci khoyot de me signaler ce nouveau roman ; indépendamment du sujet, j'ai toujours envie de lire Philippe Besson.