Maintenant que les sapins sont compostés, que les galettes des rois sont avalées, presque digérées, que les relans de foie gras, huîtres et autres homards ne se font plus tenaces, je peux enfin vous présenter calmement et posément mes voeux pour 2007.
Alors nulle envie ni de dresser un quelconque bilan pour l'année écoulée et encore moins envie de prendre quelle que résolution que ce soit pour celle qui s'engage à présent, ce en quoi je ne me départis guère depuis quelques années déjà.
Hé ben ! Le temps file hein ! (oui, Lapalissade fut longuement mon mentor). Dire que je me souviens comme si c'était l'an dernier de cette douce effervescence qui prenait le monde lors du changement de millénaire.... 7 ans déjà ! Waow !
Bref, l'année a commencé en fanfare ! Nuit du 31.12.2006 au 01.01.2007, coucher à 00h15. Le bruit des feux d'artifice m'empêchant de me mettre au lit plus tôt ! Soirée de délire du feu de Dieu j'vous disais ! Mais au lit dans ses bras à lui, finalement, sans doute l'un des plus beaux réveillons de ma vie ! (et là je suis sérieux). Reste de la semaine : un leitmotiv, boulot, boulot, boulot, boulot... Programme varié vous en conviendrez.
Premier week-end de l'année, impossible de trouver le sommeil, mon lit se transforme en plaine de Waterloo, le matin du 19 juin 1815. Mon estomac reste noué et les nausées guettent.
Samedi 06.01, 10h30, je monte dans la voiture, direction la banlieue wavrienne, la chaude demeure de ma soeurette qui nous attend avec sa petite famille pour prendre l'apéro avant d'aller déjeuner dans un resto local.
Scène familiale de début d'année, rien que du grand classique. Une particularité cette année néanmoins, la présence d'une femme qui se met à masquer ses larmes lorsque j'entre dans la maison. Cette femme, ma mère, est l'initiatrice de ce déjeuner. Cette femme, au premier coup d'oeil je la reconnais, elle a vieilli, certes, grossi un peu aussi mais le visage reste pareil, tel qu'il était lors de notre dernière rencontre, le 10 juin 2003.
Après trois ans et demi de silence, d'absence et de résignation, elle a posé un geste, un désir de renouer, elle a fait un pas et a tenu à ce que je ne vienne pas seul lors de cette réunion, elle tentait de me signifier qu'au bout du compte elle se rendait sans doute compte de ses erreurs et désirait simplement revenir dans ma vie et que je réapparaisse dans la sienne.
J'ai répondu à son appel, si maladroit fut-il, et suis venu, lui à mon bras, non sans appréhension, non sans stress, non sans interrogation. Comment cela allait-il se passer ? Allais-je pouvoir malgré tout passer outre toutes ces blessures, tous ces non-dits, tous ces silences, toutes ces rancoeurs ? Ce n'était ni l'endroit ni le moment de régler nos comptes, mes nièces ne peuvent pas être les témoins innocentes d'événements, de mots survenus avant même leur naissance. Je n'aurais pas toléré qu'on les prenne en otage, ni elles ni ma soeur d'ailleurs, faisant tampon bien malgré elle. Comment allais-je réagir ? Comment l'aborderais-je ? Et elle ? Qu'allait-elle dire ou faire ? Je me suis donc rendu là-bas, l'estomac noué, la voix cassée et les poches sous les yeux, porté par l'homme que j'aime.
Lorsque je l'ai vue, je n'ai su que faire. Comment lui dire bonjour ? Moi qui prenais mes nièces à bras, les étraignais, les embrassais, les cajolais, leur démontrais, spontanément, comme à chaque fois, tout l'amour que j'ai pour elles, comment dire bonjour à cette femme qui se trouvait là, le regard triste et appeuré, sans doute plus stressée que je ne l'étais moi-même ? J'ai pris sur moi et lui ai fait la bise, sans envie, sans enthousiasme. Les regards étaient fuyants, ni l'un ni l'autre n'aurions pu soutenir le regard de l'autre.
Finalement, les choses se sont passé, sans se passer vraiment, pas de conversation, à peine une ébauche dont la banalité affligeait. A la sortie du restaurant, il fallait que je parte, je devais partir, faire autre chose. Tout cela avait été si épuisant, si éprouvant. Sans un mot, coincé sur le siège de la voiture, nous sommes revenus sur Bruxelles. J'ai passé le reste de l'après-midi sans prononcer le moindre mot, répondant brièvement et évasivement aux questions de mon doux, qui ne savait pas comment se tenir vis-à-vis de moi. Sa présence m'a été salvatrice, précieuse, riche. Sans lui, je n'aurais pas eu la force d'y faire face, je le sais...
Bref ! Je suis parti en laissant la balle dans son camp à elle, j'attends encore un geste, j'en ai besoin. S'il ne vient pas, je reprendrai le cours de ma vie tel que je le gère depuis longtemps déjà, sans regret ni remords, peut-être marqué d'un rien de plus d'amertume; s'il vient, il me faudra mettre tout à plat même si je l'en sais incapable de discuter, mais cette étape m'est indispensable. Serons-nous prêts ? Je ne sais...
Enfin ! On verra bien ! J'vais pas vous plomber la fève avec mes histoires de famille. Encore une fois, bonne année à tous !